Une étude issue de la cohorte française ELFE, publiée dans l’International Journal of Behavioral Nutrition & Physical Activity, et réalisée par trois équipes de l’INRAE et de l’Inserm vise à déterminer l’association entre le moment de l’introduction des morceaux de nourriture pendant la petite enfance et le développement neurologique de la petite enfance. Les chercheurs sont partis de l’hypothèse qu’une introduction tardive à la texture/aux morceaux d’aliments était liée à des résultats neurodéveloppementaux défavorables. L’étude a suivi 8 511 familles dès la première année de l’enfant jusqu’à ses 3,5 ans. L’introduction des morceaux était répartie en 3 groupes : 39,3 % des enfants entre 6 et 8 mois (introduction précoce), 34,3 % entre 8 et 10 mois (introduction intermédiaire), et 26,4 % après 10 mois (introduction tardive). Les résultats mettent en évidence des associations cohérentes entre l’introduction tardive des morceaux de nourriture soit après 10 mois, par rapport à avant 8 mois. Les chercheurs ont ainsi constaté des estimations plus faibles des scores neurodéveloppementaux standardisés à l’âge de 1, 2 et 3,5 ans (-0,35 [-0,40 ; – 0,30], -0,15 [-0,20 ; -0,10] et − 0,18 [-0,23 ; -0,13], respectivement). Le risque de retard neurodéveloppemental était aussi accru de 62 % pour les nourrissons ayant reçu les morceaux tardivement (DQ < 90 (OR [IC 95 %] = 1,62 [1,36 ; 1,94])).

En conclusion, bien qu’il ne s’agisse que d’une étude observationnelle, excluant donc tout lien de causalité, les résultats suggèrent que l’introduction des morceaux entre 6 et 8 mois réduirait le risque de retard neurodéveloppemental chez les enfants comparativement à une introduction plus tardive (après 10 mois). Elle met en lumière le fait que l’alimentation joue un rôle fondamental dans les apprentissages et contribue au développement neurodéveloppemental de l’enfant.

Somaraki, M., de Lauzon-Guillain, B., Camier, A. et al. Timing of food pieces introduction and neurodevelopment: findings from a nationwide birth cohort. Int J Behav Nutr Phys Act 21, 118 (2024). https://doi.org/10.1186/s12966-024-01669-5