L’une des dimensions centrales dans le traitement des patients diabétiques de type 2 est la réduction pondérale. La majorité de ces patients présente une surcharge pondérale et celle-ci, par le biais d’une augmentation de la résistance à l’insuline, est un obstacle à l’atteinte de l’équilibre métabolique. L’équipe du Dr Tomislav Bozek de Zagreb, en Croatie, a présenté une étude qui propose l’évaluation du bénéfice potentiel de l’association de dapagliflozin et lixisenatide sur le contrôle glycémique et le poids corporel dans le traitement du diabète de type 2 (DT2).

Dans le cadre d’une prise en charge du DT2, le produit idéal aurait non seulement un effet neutre sur le poids corporel, mais contribuerait également à réduire la charge pondérale et ainsi, par la réduction de la résistance à l’insuline, faciliterait l’atteinte d’un bon équilibre glycémique et métabolique.

Sous cet angle, deux des classes récentes d’agents antidiabétiques mériteraient l’attention :

Les agonistes du GLP-1 : le GLP-1 (glucagon-like peptide-1) est une incrétine, sécrétée par les cellules L de l’iléon en réponse à un repas (1). Les effets sur la réduction pondérale sont liés à une action anorexigène centrale ;

Les inhibiteurs du SGLT2 : le SGLT2 (sodium/glucose cotransporteur 2) est une protéine permettant la réabsorption du glucose au niveau du tubule rénal proximal dont l’expression semble être augmentée en cas de DT2 (2). Les inhibiteurs du SGLT2 exerceraient leur effet glucorégulateur par le biais d’une augmentation de la glycosurie. De plus, cette augmentation aurait pour effet une perte calorique, contribuant ainsi à faciliter la réduction pondérale (3).

 

L’objectif de cette étude est d’évaluer le bénéfice potentiel de l’association du lixisenatide 20 µg (agoniste du GLP-1) avec le dapagliflozin 10 mg (inhibiteur du SGLP2) dans le traitement du DT2.

 

Méthodologie :

62 patients ayant un DT2 mal contrôlé (32 hommes et 30 femmes, d’âge moyen 62,5 ± 5,6 ans, ayant une HbA1c à 8,3 ± 0,8 %, un IMC à 38,7 ± 3,2 kg/m2 et une durée moyenne du diabète de 7,2 ± 3,2 ans) ont été randomisés dans un des deux bras de l’étude pour recevoir :

  • metformine + lixisenatide (31 patients),

ou

  • metformine + lixisenatide + dapagliflozin (31 patients).

L’étude s’est déroulée sur 6 mois.

Résultats :

Une diminution de la masse corporelle a été observée dans les deux groupes :

Baisse de 5,1 ± 4,7 kg dans le groupe metformine + lixisenatide (p = 0.09).

versus

Baisse de 8,5 ± 4,2 kg dans le groupe metformine + lixisenatide + dapagliflozin

Il n’y pas eu de différence significative entre les deux groupes concernant le pourcentage de sujets atteignant une HbA1c inférieure à 7 % (47 % vs 50 %), ni de différence en terme de réduction de l’HbA1c (baisses de 1,27% vs 1,21%).

Conclusion :

L’auteur conclut en faveur de l’association lixisenatide et dapagliflozin dans le traitement du DT2 chez des patients en surpoids ou obèses. Malgré l’amplitude de la perte de poids observée, il est toutefois légitime d’émettre quelques réserves et d’interpréter les résultats avec prudence.

D’une part, la différence de la perte de poids entre les deux groupes n’est pas cliniquement significative (p = 0,09). Ceci pourrait être dû à la taille de l’échantillon, ou bien à la grande variance dans cette perte de poids.

D’autre part, il n’y a pas eu de différence significative sur les paramètres glycémiques, ce qui manque de mettre en évidence un possible bénéfice d’une option thérapeutique par rapport à l’autre, à la fois sur son efficacité directe à baisser la glycémie et sur l’effet bénéfique de la perte de poids sur la régulation glycémique.

En conclusion, malgré l’intérêt conceptuel de l’association proposée, les résultats de cette étude soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Ces dernières pourraient être apportées par des études complémentaires.

Références :

(1) Cani PD et al. Les analogues du GLP-1. Le point sur leurs caractéristiques.
Diabète & Obésité 2007; 2(5): 15-19.

(2) Rahmoune H, Thompson PW, Ward JM, et al. Glucose transporters in human renal proximal tubular cells isolated from the urine of patients with non-insulin-dependent diabetes. Diabetes. 2005;54 :3427-34.

(3) Neumiller JJ, White JR Jr, Campbell RK. Sodium-glucose co-transport inhibitors: progress and therapeutic potential in type 2 diabetes mellitus. Drugs. 2010;70 : 377-85.

D’après la communication “Dapagliflozin added to lixisenatide in type 2 diabetic patients” de Tomislav Bozek, Lea Smircic Duvnjak & Kristijan Peros (Zagreb, Croatie). ECE Munich, lundi 30 mai 2016.