La découverte de l’hypothyroïdie infraclinique (TSH entre 4,5 et 19,9 mUI/L avec un taux normal de T4l) n’est pas une situation rare, notamment chez les sujets âgés. La prévalence des hypothyroïdies infracliniques est rapportée > 10% dans la population de plus de 60 ans, bien que l’indication de son dépistage et du traitement reste controversée (1-3).

En ce qui concerne la mesure des auto-anticorps thyroïdiens, il a été démontré que leur positivité est associée à une évolution vers une hypothyroïdie franche. Cependant ce risque existe notamment si la TSH est > 20 mUI/L (4). Les données ne sont pas concluantes en termes de risque cardiovasculaire.

Plusieurs études épidémiologiques (14 essais randomisés de petite taille avec des limitations) (1-3) ont montré des bénéfices du traitement pour prévenir une progression vers une hypothyroïdie franche, notamment lorsque le taux de la TSH est > 10 mUI/L. Il existe des données suggérant une amélioration de la fonction cardiaque et du profil lipidique, mais aucune information sur la survie et la mortalité cardiovasculaire.

Les effets indésirables d’un traitement de substitution par lévothyroxine ne sont pas suffisamment étudiés. Entre 14 et 21% des patients traités ont développé une hyperthyroïdie infraclinique, associée à un risque de fibrillation auriculaire, et de fractures ostéoporotiques (3).

Le traitement d’une hypothyroïdie infraclinique est-il indiqué? Quels sont les seuils thérapeutiques ?

Pour la majorité des experts:

– Le traitement peut être initié si la TSH ≥ 10 mUI/L, cependant nous ne possédons pas d’évidence claire

– Le traitement est controversé en cas de valeur de la TSH < 10 mUI/L

– Faut-il se méfier des effets indésirables du traitement chez les patients âgés (> 80 ans) ?

En vue de ces arguments, l’étude TRUST : “Thyroid hormone Replacement for Untreated older adults with Subclinical hypothyroidism hypothyroidism: a randomised placebo-controlled Trial” est actuellement en cours dans plusieurs pays européens. L’objectif de cette étude est d’analyser des effets du traitement substitutif par lévothyroxine chez des patients d’âge supérieur à 65 ans (n=3000) présentant une hypothyroïdie infraclinique. Les résultats pourraient nous aider à mieux préciser l’indication au dépistage et l’efficacité thérapeutique.

 

Références :

(1) Helfand M, US Preventive Services Task Force. Screening for subclinical thyroid dysfunction in nonpregnant adults: a summary of the evidence for the U.S. Preventive Services Task Force. Ann intern Med. 2004, 140(2):128-41.

(2) Surks MI, Ortiz E, Daniels GH, et al. Subclinical thyroid disease: scientific review and guidelines for diagnosis and management. JAMA. 2004, 291(2):228-38.

(3) Villard HC, Saconato H, Valente O, et al. Thyroid hormone replacement for subclinical hypothyroidism. Cochrane Database Syst Rev. 2007 Jul 18;(3):CD003419.

(4) Rosenthal MJ, Hunt WC, Garry PJ, et al. Thyroid failure in the elderly. Microsomal antibodies as discriminant for therapy. JAMA. 1789; 58(2):209-13.

 

D’après la communication “Subclinical thyroid disease and clinical outcomes: lessons from large individual participant-based analysis from the Thyroid Studies Collaboration” de Nicolas Rodondi (Suisse), ECE 2016, le lundi 30 mai 2016.