Le craniopharyngiome adamantin (CA) est la tumeur hypophysaire pédiatrique la plus fréquente et est associée à une croissance locale et infiltrative atteignant l’hypothalamus ou les voies optiques. Juan Pedro Martinez-Barbera a investi le champ de la recherche du craniopharyngiome adamantin en développant d’une part un modèle de souris reproduisant le CA, en caractérisant les unités tissulaires différenciées, organisées en clusters, au sein du CA et, en développant des essais pré-thérapeutiques sur leurs modèles murins à partir des hypothèses émises par l’analyse des clusters.

Au sein de la forte réaction gliale peuvent être individualisés des structures ovalaires composées d’une palissade épithéliale qui enserre un contenu hétérogène nodulaires (dépôts d’hémosidérine, cholestérol et des calcifications), des corps géants cellulaires multi nucléés. Les cellules folliculostellaires périphériques sont peu adhésives et les tissus entourant ces clusters expriment fortement la β catenin (codée par le gène CTNNB1). Les modèles murins qu’ils ont générés avec invalidation conditionnelle de la β catenin (HesX1 Cre/- ; ctnnb1 lox ex3/+) reproduit le modèle de CA. L’équipe de Juan Pedro Martinez Barbera a développé une technique de microdissection de ces clusters au sein des pièces opératoires de craniopharyngiomes et réaliser une analyse spécifique en whole genome et RNA seq. Parmi les gènes surexprimés dans ces clusters, la voie de SHH a particulièrement été analysée. Elle est fortement exprimée au sein de ces clusters (Gli1, Gli3, patch 1…). Ils ont alors développé un essai thérapeutique sur leur modèle murin inhibant la voie de SHH (Vismodegib) (1). L’effet thérapeutique a été inverse de celui attendu avec une diminution de la survie des souris traitée et une apparition plus précoce du craniopharyngiome.

Finalement, les résultats présentés ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques nécessitant toutefois de tenir compte de l’effet parfois dual entre l’action paracrine ou autocrine des marqueurs régulant l’inflammation, la prolifération ou la senescence cellulaire hypophysaire.

(1) Martinez-Barbera JP, Buslei R. Adamantinomatous craniopharyngioma: pathology, molecular genetics and mouse models. J Pediatr Endocrinol Metab. 2015;28:7-17.
D’après la communication Stem-progenitor cells in pituitary organ homeostasis and tumorigenesis” de Juan Pedro Mertinez-Barbera (UK), in “Senescence and plasticity in the anterior pituitary 
SAAL 4A&B”, ECE Munich, dimanche 29 mai 2016